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Algérie. pour une prise en main de sa destinée

CONSTAT ET LECTURE

Nous assistons,ces derniers jours,à une trépidation du débat national suite à la visite effectuée par trois hommes (historique, politique et militant) à l’ex leader du FIS. Un débat naturellement tiraillé par deux forces :

1- Une stratégie d’atermoiement,élaborée par le pouvoir réel afin de pourrir la situation et de provoquer une métastase tout en faisant croire à une opération de purification inscrite dans une course à la labellisation du « HIRAK».
2- Les peurs justifiées ou injustifiées, séquelles des années de braises.

Un débat souvent viré aux insultes et parfois menaces alimenté par des courants comptés à la soldes des éradicateurs, réconciliateurs et islamistes-extrémistes ,pour reprendre les concepts contextuels des années 90.

En effet les années 90 étaient le théâtre de deux combats qui se chevauchaient.
-Le premier entre des généraux et extrémistes qui se disputaient le pouvoir.
-Le deuxième entre « démocrates-légalistes »et « démocrates-contextualistes » qui inconsciemment se disputaient la démocratie afin de trouver lequel est le plus méritant d’être intronisé entre militaires et fondamentalistes.

LA DÉCENNIE ROUGE, L’INÉLUCTABLE SCÈNE À CE THÉATRE

Rouge, noire…etc. Des couleurs qu’on n’a pas cessé d’inventer à une décennie, comme si, à des fins propagandistes, la décade grégorienne allait porter une responsabilité qui n’est pas sienne et diluer celle des parties belligérantes.

UNE GUERRE OU NI LA VIE N’A ÉTÉ ÉPARGNÉE, NI LA DÉMOCRATIE N’A TRIOMPHÉ

A l’issue forcée de cette tragédie, le résultat reste amer pour le peuple algérien.

Un pouvoir militaire soutenu par des puissances prédatrices sauvegarde toujours sa dictature.

Une société livrée à toute forme de sectarisation, même les plus charlatanesques, prêtant ainsi, en contrepartie financière, allégeance à d’autres formes d’appartenances qu’à celle d’une terre cosmopolite et enlaçante qui les a vu naître et grandir.

Certains « démocrates »transmettaient des suspicions et pratiques malsaines à une jeunesse militante toute pleine de bonne volonté alors qu’elle a juste voulu défendre des valeurs en intégrant des structures.

ON TE CRÉE DES POSITIONS ET ON TE DEMANDE D’EN PRENDRE UNE

C’est qui est remarquable c’est l’implication juvénile à ce débat en se positionnant sur certains événements, tellement occultés, qu’une prise de position relèverait du dogmatisme. L’héritage d’un dogme et parfois des haines par une jeunesse qui n’était ni de près ni de loin responsable des échecs qu’essuie le pays.

UN RECUL GÉNÉRATIONNEL SERAIT-IL NÉCESSAIRE ET EFFICACE ?

Un pourcentage avoisinant les 70% de la population a moins de 35 ans et parmi ce pourcentage révélateur une écrasante majorité est née après 2000.

Il ne s’agit pas de se positionner du bon ou mauvais côté mais de suivre ce que lui(jeunesse) semble bon sens. Il ne s’agit pas de renier une partie de notre histoire contemporaine ni de renoncer à la justiciabilité pénale, politique et historique des responsables de la tragédie nationale.

Il s’agit d’un avenir commun, qui ne doit surtout pas être pris en otage par des legs, puisque nous avons décidé de se mettre ensemble sur cette parcelle de terre.

Il est de la responsabilité de cette jeunesse de savoir s’extirper de tout positionnement légué.

Les positions ne s’héritent pas mais se forgent autour des valeurs que l’on croit vertueuses.

Notre seul ennemi est l’ennemi de nos aspirations légitimes.

LE POUVOIR A CONSTAMMENT DÉNATURÉ LA RÉALITÉ POLITIQUE ET FIGÉ SA SCÈNE

Dépourvu de toute légitimité, le pouvoir réel a toujours cherché une forme de légitimité refluant à l’inverse de la réalité politique.

De la légitimité historique à celle de la continuité, passant par la sécuritaire et celle de la stabilité, le régime n’a pas cessé d’opacifier les évolutions politiques réelles et mutations socioéconomiques-dues à des facteurs endogènes et exogènes-qu’a connues la société algérienne.

Pis encore, dans sa pièce théâtrale et avec la participation naïve ou intentionnelle de certains acteurs, le pouvoir a réussi de figer artificiellement la scène politique et ce depuis 30 ans(soit nous, soit les islamistes).

LA RELIGIOSITÉ N’EST PAS UNE FORCE POLITIQUE

Depuis 1962,date à laquelle le colonialisme classique a cédé sa place au colonialisme par procuration, l’Algérie n’a jamais mis en place un outil fiable pour mesurer la température politique de la société.

En effet, la politicité des pouvoirs a toujours été reléguée au rang de cercle intermédiaire corrompu et inopérant entre populace et noyau dictatorial.

L’usurpation de la souveraineté populaire par le militaire a créé une nébulisation de l’espace politique.

Il serait infondé aujourd’hui de dire que le courant dit « islamiste »est une force politique embusquée alors qu’aucune consultation transparente et décontractée de la volonté du peuple depuis 62 n’a été faite.

Ce, malgré toutes les opinions que l’on puisse avoir sur les élections qui ont porté le FIS au pouvoir local et législatif, notamment celle qui avance la théorie d’un vote utile (ou inutile)c’est à dire que le peuple a voté FIS pour ne pas voir le FLN arc-bouté sur le pouvoir, faute d’une alternative modérée.

Il serait chimérique de pronostiquer sur les résultats d’une élection transparente, issue d’une véritable période de transition qui verrait émerger de nouvelles forces avec de projets révolutionnaires. Ces forces qui reflèteraient une réalité politique tellement occultée.

LA RETENUE N’EST PAS VELLÉITÉ ET L’AGITATION N’EST PAS DÉTERMINISME

Le peuple avec toutes ses composantes doit s’entendre à la fois sur un projet d’une « démocratie-démocratisante »qui reflèterait les réalités de notre société, l’accompagnerait pacifiquement dans ses mutations, évolutions et l’instauration d’une justice « relativement réparatrice »et équitable.

SERIONS-NOUS UNIS POUR UN ENNEMI COMMUN OU POUR UN IDÉAL COMMUN ?

Tout le peuple partage des souffrances que la dictature dure et/ou douce lui fait subir depuis plus d’un demi-siècle.

Malgré ses divergences, il garde la volonté de vivre paisiblement ensemble sur cette terre.

Une entente requerra sacrifices idéologiques mutuels.

-Toutes les forces de la société doivent s’écarter des personnifications et substancier politiquement le débat.

Mettre sur la table de dialogue tous les sujets discutables comme le système de gouvernance politique (présidentiel, parlementaire…etc.) et amener son adversaire à se positionner sur les questions de ruptures comme :

– Le caractère démocratique et citoyens respectueux de toutes les libertés de l’État.
– L’interdiction de toute instrumentalisation des valeurs nationales communes à des fins politiques, s’appuyant sur le principe « ce que nous héritons et partageons ne doit pas faire l’objet d‘une exploitation en vue de se constituer une force politique »
– Aucune force politique aussi importante soit elle ne peut s’approprier ni l’islam, ni aucune religion pour s’emparer du pouvoir. Il en va de même pour l’arabité, l’amazighité et l’histoire.
– Dans un État national, un droit de blocage pour des questions existentielles doit être établi et consacré (Exemple : la généralisation de tamazight ne devait même pas être discutée dans une APN, idem pour les autres questions existentielles).
– Qu’aucun un individu ou partie du peuple ne doit justifier son existence mais juste sa participation à ce projet de vivre ensemble (La femme ne doit plus rappeler ses liens de parenté à l’homme ou historier ses exploits pour espérer une place dans la société).

POUR UN ÉTAT RÉGULATEUR ET NON GÉNITEUR

Il ne suffit pas de prêcher la bonne et belle parole pour qu’un État puisse être édifié. Naturellement, l’individu est à la recherche perpétuelle de son bonheur, en l’absence de conflit de bonheurs l’État n’a aucun sens.

C’est des individus que naissent des États. La conflictualité de ces bonheurs qui poussent les individus à s’entretuer ou à penser l’État.

– L’État doit d’abord épargner le peuple d’une congolisation avant de le protéger des dangers extérieurs.

L’état doit veiller au respect de l’existence de l’individu et à son épanouissement.

LA CONFIANCE N’EXCLUE PAS LA MÉFIANCE ET LE CONTRÔLE

Avec un rapport de force(soulèvement) collectivement et intelligemment entretenu, le peuple vaincra contre les usurpateurs de sa volonté.

Peu importera le système politique ou le type de démocratie avec lesquels on sortira à l’issue d’un dialogue national, ce dernier devra se solder d’un conseil supra- constitutionnel (exhaustif dans les revendications) qui garantira :

1- L’Arsenalisation juridique du vivre ensemble :

– Avec le respect de toutes libertés de la largement exprimée à la moins représentée.
– Qu’aucune force aussi légitime soit-elle ne pourra imposer un modèle de vie (exister est un droit et non pas un devoir, à ne pas confondre avec le droit/devoir de participer).
– Selon le système politique choisi, un équilibre entre tous les pouvoirs que l’on aura décidés (les pouvoirs politiques qui seront appelés à gouverner demain n’auront aucun pouvoir de revenir sur les questions supra-constitutionnelles).
– Avec une indépendance effective des pouvoirs (le contrôlé ne doit et peut pas désigner le contrôleur).
– Avec des mécanismes de gestion politique des crises de nature politique, sans pouvoir recourir à la force militaire par aucune force politique.

2- La “Désarsenalisation” militaire de toute force politique.

– L’éloignement de l’armée de toute immixtion politique, avec une définition sans équivoque, de ses prérogatives constitutionnelles aussi ordinaires soient-elles que exceptionnelles pour éviter toute outrepassante interprétation.
– Pour des questions de gestions courantes, l’armée sera sous l’autorité de l’exécutif contrôlé par une commission de défense parlementaire.
– Lors d’une crise politique interne l’armée ne devra être actionnée par aucun pouvoir politique et pour ce faire, il faudra clairement définir constitutionnellement la nature d’une crise politique interne.

SI NOUS VOULONS VIVRE ENSEMBLE, NOTRE SENS DE RESPONSABILITÉ SAURA SURPASSER LES ÉCUEILS.

Par A.CH

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