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Abdelaziz Rahabi déplore l’érosion de la confiance entre l’Algérie et l’Espagne

Les relations jadis chaleureuses et empreintes de confiance mutuelle entre l’Espagne et l’Algérie ont été mises à rude épreuve ces derniers temps, subissant les affres des bouleversements géopolitiques et des revirements stratégiques inattendus.

Cette complicité autrefois solidement ancrée dans des intérêts convergents et une vision commune semble aujourd’hui se déliter, victime collatérale des remous provoqués par le différend sur le Sahara occidental.

Abdelaziz Rahabi, éminent diplomate algérien ayant officié à Madrid et investi dans le renforcement des liens bilatéraux, déplore avec amertume cette régression dans un entretien accordé au quotidien El Independiente. Selon lui, ce revirement espagnol en faveur de la thèse marocaine reste une énigme dépourvue d’explication officielle crédible. Une position jugée incompréhensible pour Alger, qui y voit un reniement du statut historique de l’Espagne en tant que puissance administrante et garante des résolutions onusiennes sur l’autodétermination du peuple sahraoui.

Cette inflexion madrilène semble avoir précipité une érosion de la confiance, menaçant désormais les échanges énergétiques vitaux pour l’Europe. Si Alger a honoré ses engagements gaziers malgré les tensions, l’ancienne plaque tournante ibérique pourrait être supplantée par d’autres partenaires régionaux comme l’Italie ou l’Allemagne, estiment certains observateurs.

Au-delà des considérations économiques, c’est la perte de crédibilité et d’influence de Madrid dans la résolution du conflit qui préoccupe. En optant pour un alignement sur le Royaume chérifien, l’Espagne s’est, selon Rahabi, délestée de son rôle historique de puissance modératrice, diluant son poids dans les négociations.

Face à cette nouvelle donne, Alger privilégie désormais une approche pragmatique, déterminée à préserver son indépendance décisionnelle. Rejetant toute velléité de chantage énergétique – contraire à ses principes -, la diplomatie algérienne prône une coopération fondée sur le respect mutuel et les intérêts réciproques, loin des relations privilégiées potentiellement déstabilisatrices.

Si les blessures encore vives de cette rupture de confiance mettront du temps à se résorber, l’avenir des relations hispano-algériennes semble néanmoins suspendu à la capacité des deux parties à restaurer un climat de sérénité et de compréhension mutuelle, loin des soubresauts géopolitiques éphémères. Un défi de taille pour deux nations appelées à conjuguer leurs atouts de manière durable et équilibrée.

Kamel AIDOUNE

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